Le chant du héron au crépuscule

 

De Tan Twan Eng

Peut-être parce que Aritomo le faisait si bien que les gens n’en avait pas conscience. Quand arrive-t-il que nous remarquions les nuages au-dessus de nos têtes, les montagnes dominant la clôture ?

Tout en m’activant, je récitais leurs noms comme un rosaire : Kazezuchi. Nata. Kibasami. Shachi. Tebasami. Maillet. Hachette. Cisailles pour élaguer. Kazezuchi. Nata. Kibasami. Shachi. Tebasami. Le rosaire s’enrichissait chaque jour de perles nouvelles.

Je reconnu le visage rouge de Kwan Kun, le dieu de la Guerre 
[…]
Il est aussi le dieu du Commerce, dis-je à Aritomo. Le commerce est une forme de guerre, à ce qu’on m’a dit. 
Et la guerre est un commerce, répliqua-t-il.

D’innombrables chauves-souris sortent des centaines de grottes criblant ces versants. Je les regarde plonger dans les brumes sans aucune hésitation, en se fiant aux échos et aux silences au milieu desquels elles volent.

Je me demande si nous sommes tous pareils, si nous gouvernons notre vie en interprétant les silences entre les paroles, en analysant les échos en retour de notre mémoire afin de reconnaître le terrain et de comprendre le monde qui nous entoure ?

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