Emile GALLÉ

 né à Nancy le 4 mai I846, mort dans cette ville le 23 septembre 1904.

Maître-verrier, artiste décorateur et écrivain. Commandeur de la Légion d'honneur.

Emile Gallé était le fils unique d'un céramiste de talent, appartenant à une vieille famille de l'Ile-de-France, M. Gallé-Reinemer, qui s'était établi et marié à Nancy, après avoir dirigé plusieurs années la célèbre fabrique de porcelaine de Chantilly.

Après de brillantes et solides études, Emile Gallé alla passer un an à Weimar, dans la poétique Thuringe, et visita l'Allemagne, l'Autriche, la Bohème (1854-1866).

Ses premières œuvres, faïences et verreries, parurent à l'Exposition universelle de Paris, en 1867. 

Il fit la campagne de 1870-1871 comme engagé volontaire au 23e de ligne.

En 1871, il visita l'Angleterre. En 1876, il prit la direction des ateliers paternels.

Ses grands succès datent de l'Exposition universelle de 1878. Ils s'affirmèrent éclatants à l'Exposition des arts décoratifs de 1884.



En I889, ce fut la gloire. Un illustre critique, Eugène Melchior de Vogüé, souhaitait dans la Revue des deux-Mondes, que Gallé fût institué surintendant des manufactures nationales, Sèvres et Gobelins. Inutile de dire que ce vœu n'a jamais été pris en considération dans les bureaux de la direction des Beaux-Arts.

L'activité de Gallé s'est développée toute entière hors de la protection officielle, en province. Mais c'est Paris, le milieu artistique parisien, si intelligent, si raffiné, qui l'a compris le plus vite et le mieux. 



Après l'Exposition universelle de 1900, il fut nommé commandeur de la Légion d'honneur. Dans l'hiver 1901-1902, il fonda l'Ecole de Nancy, alliance provinciale des industries d'art.

Le nom de Gallé restera dans l'histoire de l'art comme celui d'un novateur, on doit presque dire d'un révolutionnaire. Aux anciennes routines qui condamnaient l'artisan en décor à plagier les productions du passé, il a substitué un art entièrement original, inspiré de l'étude enthousiaste et minutieuse de toute la nature, mais plus spécialement de la nature végétale. 


Passionné d'horticulture et d'herborisation, botaniste émérite, inventeur et nomenclateur de variétés nouvelles, il avait du monde des plantes une connaissance intime et originale. La fleur et la feuille, le bouton et le bourgeon, l'arbre et l'arbuste lui fournirent inépuisablement des thèmes décoratifs.

L'art de Gallé, sans doute, était subtil, symbolique, poétique ; mais surtout, il était vrai, attaché à la réalité et à la vie. Il a précédé de peu d'années l'art factice qui nous est venu, comme une épidémie, de Bruxelles ou d'Allemagne, le modem style. 



Comme l'art galléen et le modem style étaient à peu près contemporains, beaucoup de gens les ont confondus : c'était confondre deux contraires. Le besoin du vrai dominait si complètement l'art de Gallé qu'il lui a servi de guide, non seulement dans ses recherches d'art, mais dans sa vie morale : c'est ce besoin qui lui a imposé le devoir de lutter pour la justice et pour le droit.

Penseur et écrivain, Gallé n'a laissé à personne le soin d'exposer son esthétique. On la trouvera, tout entière, dans le livre posthume où, sous le titre d'Ecrits pour l'art (Paris, Laurens, 1908), une main pieuse a réuni l'œuvre littéraire du maître. 



Source : Meurthe-et-Moselle : dictionnaire biographique illustré ([2e éd.]). 1910 

Photos prises au Musée de l’École de Nancy lors des Journées du patrimoine 2021


Commentaires