Mémoire sur la nécessité de transférer les cimetières hors des villes.


Marville (55) le 12 juin 2014
 

Un texte trouvé dans un ouvrage écrit par le Dr Madin. Il n’est pas daté mais une annotation au crayon indique 1788.
[…]
Il conviendrait que la Municipalité de Verdun, qui est spécialement chargée de veiller à la sûreté, à la propreté et à la salubrité de la Ville, fît fermer les Cimetières, et défendît d'enterrer dans les cloîtres et les caveaux ; qu'elle s'occupât de faire choix, hors des trois portes principales de trois emplacemens destinés à l'inhumation des corps. Ces terrains seraient entourés de murailles assez hautes pour empêcher les bestiaux de pénétrer dans leur enceinte.
Il faudrait, autant qu'il serait possible, que les trois Cimetières extracitadins fussent établis sur un terrain léger, sec, exposé au vent du nord, et que la terre y eût assez d'épaisseur pour être creusée à la profondeur de cinq pieds au moins.
Ils auraient chacun une étendue capable de contenir 1200 corps (*) placés à un pied et demi de distance les uns des autres.
Le premier de ces emplacemens serait pris hors de la porte St. Victor, et servirait de sépulture aux habitans des paroisses St. Victor, Sr. Pierre-le-chairé et St. Sauveur.
Le second, hors de la porte de France, et servirait de Cimetière aux paroisses St. André, St. Amant, St. Oury, St. Jean, St. Médard.
Le troisième et dernier emplacement serait pris hors de la porte Chaussée, et serait destiné à la sépulture des habitans de la paroisse St. Pierre l’Angelé, et à ceux du fauxbourg du Pavé.
Nous proposerions, pour remplacement du Cimetière de la porte St. Victor, la Pépinière du Roi ou les terres adjacentes;
Pour l'emplacement du Cimetière de la porte de France, le terrain monticulé qui est derrière Jardin-Fontaine ;
Enfin, pour celui du Cimetière de la porte Chaussée, le monticule planté de vignes situé à droite de la chaussée qui conduit à Étain.
Nous laisserions à MM. les Officiers Municipaux le soin de concilier la décence et la religion avec la sureté du citoyen. Nous prévoyons que le projet que nous présentons ne sera pas accueilli par ces esprits pervers qui, ne sachant pas que la mort égalise tous les hommes, étendent au-delà du tombeau la vanité des distinctions dont ils se sont montrés si jaloux pendant leur vie.
[…]
 ( * ) Supposons que la ville de Verdun soit partagée en trois cantons qui renferment le même nombre d'habitans et qu'il y ait un Cimetière affecté à chaque canton ; je dis que ce Cimetière doit avoir une étendue suffisante pour la sépulture de 1200 corps; en voici la preuve: il meurt dans cette ville, année commune (abstraction faite des épidémies) 300 personnes; c'est donc annuellement 100 cadavres pour chaque Cimetière. Mais ces 100 cadavres ne sont entièrement pourris qu'au bout de 10 ans : voilà par conséquent 1000 cadavres qui doivent rester à la même place pendant 10 ans. Mais un espace déterminé d'après ce calcul serait insuffisant, puisqu'il est des malheurs imprévus, des maladies épidémiques, par exemple, qui augmentent la mortalité ordinaire. Voilà pourquoi nous demandons que chaque Cimetière puisse-contenir 1200 corps.

 

Source : Mémoire sur la nécessité de transférer les cimetières hors des villes, et particulièrement hors de la ville de Verdun, par M. Madin, J (Dr). 1788 ?

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