Verdun: Incendie de l'Hôtel de Ville.

Verdun: Incendie de l'Hôtel de Ville.



C'est à la date du mercredi, 12 septembre, que le feu s'est déclaré et a détruit en moins d'une heure, les trois principaux pavillons de ce beau monument.
Tous les services ont été détruits complétement, et du musée, qui contenait de fort belles collections, des statues, des tableaux et des antiquités romaines, il ne reste presque plus rien.
Grâce à la vigilance de M. Maury, membre du conseil général de la Meuse, et de tous le personnel de la mairie on a pu sauver du désastre, comptes, registres de l'état civil, archives récentes et documents importants. C'est encore grâce à l'initiative prise par M. Maury qu'est due la conservation des archives municipales datant du XVIe siècle à la Révolution.

Ces précieuses pièces étaient renfermées dans une salle blindée organisée par ses soins, en 1887, et dont la disposition ingénieuse a préservé; des dégâts tout ce qui s'y trouvait renfermé.
 Les concitoyens de M. Maury lui doivent donc beaucoup de reconnaissance pour sa prévoyance, qui a considérablement atténué le désastre, et pour sa belle conduite en ces circonstances, ce qui justifie d'ailleurs, la publication de son portrait dans nos colonnes.



L'Hôtel de Ville de Verdun, l'un des plus beaux monuments historiques de France, a été construit vers 1620; son style est lui de la renaissance. Il fut au XVIIe siècle, la demeure de messire Japin de la Tour, fermier général des poudres et salpêtre pour l'armée du roi; son dernier fils, messire François Japin de la Tour prêtre, docteur en théologie, chanoine et grand vicaire de la cathédrale Verdun, le céda, par donation entre vifs, à sa cousine Mlle Marie-Thérèse Brisacier, comtesse de Hombourg, veuve de messire Jacques-Gustave Malortye ,chevalier, marquis de Boudeville, maréchal des camps et armées du roi, inspecteur général de cavalerie, dragons de France, demeurant à Metz .
Mme de Boudeville vendit, le 23 mars 1736, l’hôtel aux abbés, prieurs et religieux de l'abbaye Chatillon, ordre de Cîteaux; mais le contrat ayant été annulé par arrêt conseil d'Etat, cet hôtel fut vendu définitivement à la Ville, le 18 novembre 1737. Le corps municipal, qui ne l'a pas quitté depuis, y fut installé 6 février1738.


L'Hôtel de Ville de Verdun se compose d'un corps principal de bâtiment faisant face à la rue, au fond d'une cour assez profonde, et de deux longues ailes allant jusqu'à la rue et reliées entre elles, par un bâtiment formant large entrée surmontée d'une terrasse sur laquelle les deux ailes ont accès.
C’est dans la pièce au premier étage de l'aile gauche, donnant sur la rue, que le lieutenant-colonel de Beaurepaire, commandant la place de Verdun en 1792, fut trouvé mort le 27 septembre au matin, après avoir refusé la veille au soir de signer la reddition de cette ville, ainsi que le prouve le registre du conseil de défense conservé dans les archives de Verdun et resté sans signature au bas de cette délibération préparée, malgré lui, par le conseil de défense qui opinait pour la reddition.
Les services étaient installés au rez-de-chaussée, les salons occupaient le premier étage.
La façade sur le jardin a deux pavillons en retour reliés au rez-de-chaussée par une terrasse avec un double escalier conduisant au jardin.


La maison qui longe entièrement l'aile gauche de l'édifice a été achetée il y a environ quarante ans par la ville et annexée à l'Hôtel de Ville pour y installer le musée; des portes de communication ont été ouvertes entre cet immeuble et l'Hôtel de Ville. C'est dans les combles de ce bâtiment annexe que l'incendie a pris naissance, par une cause restée inconnue.
On ne sait encore ce qui pourra subsister des murs de l'édifice incendié; mais la ferme volonté de la municipalité, organe de la population de Verdun, est de lui conserver son style et son caractère primitifs
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Source : Le Monde illustré 1894-09-22

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